Cette semaine, j’ai choisi de vous présenter l’une des
dernières petites pommes du savoir, proposées par les *Editions Le
Pommier.* Cette collection rassemble de petits livres à petits prix dans
lesquels des auteurs, le plus souvent issu du monde scientifique,
traitent de façon pédagogique et accessible, l’écologie.
Avec « faut-il avoir peur des introductions d’espèces ? », *Christian
Lévêque,* qui est directeur de recherche émérite à l’Institut de
Recherche pour le Développement (IRD), propose au lecteur d’appréhender
cette question avec le recul nécessaire à un débat dépassionné.
Il commence par nous proposer brièvement de nous familiariser avec la
sémantique de cette thématique, incontournable mais tout à fait digeste.
Puis l’auteur nous invite à prendre conscience du rôle qu’a joué
l’introduction d’espèces, qui a commencé par l’avènement de
l’agriculture au Moyen-Orient, puis sa diffusion dans tout le bassin
méditerranéen puis l’Europe du Nord. Etroitement liées aux besoins
alimentaires des populations, les introductions d’espèces ont ensuite
été le résultat de campagnes de prospection, menées au XVIIIème et
XVIIIème siècle par des naturalistes, sur les nouveaux continents.
*Pommes de terre et autres maïs en sont les plus emblématiques
représentants.*
*Christian Lévêque* nous apprend aussi que les activités de loisirs
jouent un rôle majeur aujourd’hui dans les transferts d’espèces
inter-continentaux. Les nouveaux animaux de compagnie, pour le moins
exotiques, sont un vivier de candidats à la liberté, qui parfois
rencontrent un environnement favorable à leur développement.
Autre facteur, particulièrement inattendu, la lutte biologique en
agriculture. Lorsqu’elle s’appuie sur des auxiliaires importés, elle
participe à l’introduction de nouvelles espèces. C’est le cas avec la
coccinelle asiatique, dont je vous parlais il y a quelques mois dans une
chronique Sciences et Nature.[1]
L’auteur rappelle que bien souvent, ces introductions sont
involontaires. Profitant de nos nouveaux moyens de transports et des
nouvelles voies ouvertes comme le canal de Suez entre la Mer Rouge et la
Méditerranée, des espèces s’affranchissent des frontières et
s’installent sur de nouveaux territoires. Au travers d’exemples,
*Christian Lévêque* nous permet de mieux comprendre le phénomène, ses
causes et ses conséquences, et, en dédramatisant la question, nous
invite à percevoir ses aspects négatifs et positifs, mais aussi de
prendre conscience de sa proche accélération sous l’effet des
changements climatiques en cours.
Comme toujours, la réponse est dans la mesure, les introductions
d’espèces pouvant être un instrument de régulation des équilibres que
nous avons perturbés.
*Et de nous rappeler que bon nombre d’espèces que nous qualifions
aujourd’hui d’autochtones sont en fait des espèces exotiques
acclimatées.*
*Le risque réside plus dans l’absence ou la disparition d’éléments
régulateurs, comme des espèces prédatrices ou concurrentes, conduisant à
la prolifération excessive d’une espèce, qu’elle soit introduite ou
autochtone, au détriment des autres.*
« Faut-il avoir peur des introductions d’espèces ? » de Christian
Lévêque, édité dans la collection les Pommes du Savoir aux Editions le
Pommier, est disponible dans toutes les bonnes
librairies.